À propos de l’auteur

De nature profondément intersubjective, l’art n’est pas à la seule charge de l’artiste…

Diplômé de l’Université de Montréal en histoire de l’art (M. A.), critique d’art depuis 1999, je continue de pratiquer ce métier en ne cessant pas de revendiquer que la pratique artistique est un mode de connaissance à part entière, pourvu cependant qu’une collégialité puisse être cultivée entre l’artiste et l’écrivain sur l’art. Le critique d’art n’est donc pas, de mon point de vue du moins, le juge partial ou impartial que l’on croit qu’il est. Il n’est pas non plus cet artiste qui n’aura pas su prendre le risque de s’engager dans une pratique artistique et qui se contente de décrire, et parfois juger, celle des autres. Et si, comme on le définit le plus souvent, il est un médiateur entre l’artiste et le public, son intervention ne se réduit pas à un simple travail de promotion.

Pratique artistique et discours sur l’art se complètent dans la mesure où, toujours de mon point de vue, l’écrivain sur l’art se trouve à devoir faire entendre ce que l’artiste aura travaillé à montrer. L’artiste, qui, ne l’oublions pas, est plongé dans un espace-temps socioculturel et politique déterminé, trouve des formes propices à réitérer, propices à mettre en abyme, les apories de cet espace-temps socioculturel et politique. Le critique d’art, toujours selon moi, cherchera à faire entendre les résistances que ces formes appliquent au discours courant représentatif de l’espace-temps socioculturel et politique qu’il partage avec l’artiste. Aussi peut-on avancer que l’art est un mode de connaissance à part entière dans la mesure où un artiste sait mettre en forme ce qui s’avère informulable dans sa société et dans la mesure où un critique d’art, à faire l’expérience de l’œuvre de cet artiste, arrive à faire entendre ce qu’il y a d’informulable dans la société que lui et l’artiste partagent. Et nous aurons d’autant plus un usage de l’art comme mode de connaissance à part entière, comme élaboration possible d’un savoir sur les apories de notre société, sur ses infondés, que l’artiste et le critique d’art saisiront combien leurs pratiques respectives se complètent.